French Elle - November 2010 issue N°3387

Here are bigger scans Enjoy !

Is there anyway Mathilde that the text can be translated into English?
Thank you so much!
-Alex

thanks for the pics Mathilde

Alex wrote:

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-Alex

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Tatjana Patitz "Mannequin c'est ma liberté"

Voila plus de vingt ans que cette Uber top plonge ses yeux bleu glacier dans tous les regards. Avec légèreté et indépendance, elle a raconte son métier a Sophie Fontanel. Photos Benni Voisson.

1989. Peter Lindbergh immortalise en noir et blanc, sur une photo devenue culte et vendue désormais chez Christie's, Les cinq plus grandes tops du monde. Chose impensable aujourd'hui : sur la photo, elles sourient. Leurs noms? Naomi Campbell, Linda Evangelista, Christy Turlington, Cindy Crawford et... Tatjana Patitz. Elles sont les premières mannequins a être plus convoitées et aussi bien payées que des stars.

L' Allemande Tatjana a 21 ans et des yeux de husky, héritage d'une grand-mère estonienne. Ses cheveux sont courts, rejetés en arrière, son front est divino
Aujourd'hui, plus de vingt ans après, les cheveux bien plus longs et la raie au milieu sur son front historique, elle plonge ces yeux-là dans les miens. Au lieu de la splendeur glacée de jadis, j'y vois une infinie tendresse, beaucoup d'enfance, un cceur sans doute d' or, et cette mélancolie propre aux femmes qui ont passe la quarantaine. Elle est, depuis trois ans, l'image de la marque Marina Rinaldi, et je trouve que ces gens ont de la chance d'être représentées par une personne aussi vraie. Elle est maintenant mannequin «plus size », et s'en réjouit, car tout ce qui est naturel lui semble réjouissant. Je lui demande si elle revoit Naomi, Cindy et les autres, elle me répond qu'elle vit dans un ranch, en Californie, au milieu des chevaux (elle en a quatre), et que « Ie grand retour du mannequin des années 80 » l'indiffère, qu'elle vit pour le jour et pas pour la nuit. Elle constate, ahurie, que ces filles sont toujours des stars, que ni leur nom ni leur visage n' ont été oublies. Parfois, quelqu'un la reconnait dans la rue: «Je suis embarrassée plus qu'autre chose ... » Pourtant, elle travaille toujours: une série sublime, l'année dernière, dans le «Vogue» allemand, avec Peter Lindbergh pour la campagne Marina Rinaldi. Mais le retour au ranch reste sa priorité.

Elle est ravie de se souvenir avec moi des années 80 et de ce qu'était son métier alors: « On n'était pas toutes pareilles. 11 ne serait venu a l'idée d'aucun créateur de nous uniformiser, même le temps d'un défile. On était vraiment des personnes, des caractères. Et même si on bossait comme des dingues, on le faisait de façon moins harassante que les tops de maintenant. En shooting, on prenait le temps de se marrer, de se baigner, de discuter, de se ressourcer. Aujourd'hui, un shooting dure trois jours et on enchaine aussitôt sur un autre a l'autre bout du monde, le tout sans manger. C'est étrange que ce soit le rêve de tant de jeunes filles ... » Elle se souvient que les photos les meilleures étaient celles ou la top riait. «Je n'aime pas quand la beauté est une chose froide et dédaigneuse. Pour moi, toute beauté qui n'est pas liée a un certain amour est décevante. » Elle se souvient qu'il n'y avait pas de numérique. Quand on faisait une photo et qu'on ne pouvait pas voir immédiatement le résultat sur un écran: «II y avait un mystère, un suspense qui nous faisait sortir le meilleur de nous-mêmes. » Elle se souvient que les photos étaient très peu retouchées, que modifier les proportions d'une jambe aurait été sacrilège. Elle se souvient que le travail était nourri par une vraie relation entre les personnes. Même les histoires d'amour étaient différentes. «Devenir mannequin pour épouser un homme riche, ce n'était pas du tout la question. Nous, on cherchait les types les plus marrants possible. S' ils avaient des moyens, tant mieux mais, sérieusement, on s'en fichait. De toute manière, tu devenais millionnaire toute seule par le travail. Je ne comprends pas pourquoi une fille qui gagne bien sa vie se met a chasser des milliardaires. Ça n' a pas de sens. L'argent, justement, vous apporte la liberté et peut-être mieux que ça : l'indépendance. »

Aujourd'hui, le rêve de Tatiana est de bien vieillir. Peut-être pas exactement son rêve, disons son projet. Dans un grand dressing-room quelque part au fond de son ranch, elle a garde pas mal de vêtements qu' elle a glanes au fil des années, des pièces sublimes d' Alaia, de Chanel et d'autres qu'elle ne porte plus: «Je sais que c'est la, c'est comme une mémoire, une archive, mon histoire. » Sinon, elle s'est prise d'amour pour tout ce qui est causal, les vêtements doux et souples, loin des brutalités de la mode, les grands frocs trop larges dans lesquels on se sent finalement encore plus féminine. Beaucoup de gens se sont inspires d' elle, eh bien, elle aussi, maintenant, se cherche des modelés. Récemment, elle s'est trouvée dans le même avion que l'actrice Vanessa Redgrave: «On devrait montrer davantage de femmes comme elle, zéro chirurgie esthétique, un visage plein de rides qui irradie, l'intelligence partout autour des yeux. Il faut une belle force en soi pour devenir ce genre de femme. »

Pour finir, une foi inébranlable en la nature humaine anime Taljana. La petite fille que sa maman voulait appeler Sébastien parce qu' elle rêvait qu'elle aurait un garçon ; la top fabuleuse qui tournait dans un clip de George Michael et vous dévissait la tête tellement on se demandait d'où sortait, une beauté pareille ; la compagne d'une superstar de la chanson dont elle s' est séparée, sans jamais être harcelée par le moindre paparazzi parce que, dit-elle, « grâce a Dieu, les paparazzi préfèreront toujours les mauvaises histoires aux belles histoires » , la maman d'un petit gamin qui n'a pas 10 ans : toutes ces femmes en elle sont certaines qu'il y a dans ce monde des hommes qui aiment vraiment les femmes et pas seulement leur jeunesse ou leur peau impeccable. «Je vous le dis, ces hommes existent. Même en Californie !» .


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